Liberté immédiate pour Samer al-Ared et Heba al-Labadi, emprisonnés et torturés en Israël !


La torture est permise en Israël depuis de nombreuses années. En 1999, la Cour suprême israélienne s’était formellement opposée à l’usage de la torture mais en 2019, le tribunal a explicitement précisé que « la torture dans les interrogatoires est légale dans certaines circonstances du système juridique israélien »

 

Récemment le cas de Samer al-Ared transféré le 29 septembre 2019 à l’Hôpital Hadassah de Jérusalem en raison de la grave détérioration de son état de santé alors qu’il était interrogé par l’Agence de Sécurité Israélienne (Shin Bet) à la prison d’Al-Maskobiyeh a mobilisé l'opinion publique palestinienne et les défenseurs des droitshumains.

 

Le Palestinian Center for Human Rights (PCHR, Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme) tient Israël pour entièrement responsable de la vie de al-Arbeed et appelle la communauté internationale à faire pression sur Israël pour mettre fin à la torture dans ses prisons et ses centres de détention.

 

On doit noter que les autorités israéliennes ont, le mercredi 25 septembre 2019, envahi et fouillé la maison de Samer Mina al-Arbeed à Batn al-Hawa, un quartier de Ramallah. Il a été arrêté puis, selon les médias israéliens et les sources du Shin Bet, emmené à la prison d’Al-Maskobiyeh. Il a été interrogé pour répondre à des soupçons sur sa participation à l’attaque de la colonie Dolev, à l’ouest de Ramallah, le 23 août dernier, au cours de laquelle une femme colon a été tuée et deux autres colons blessés.

 

La famille Al-Arbeed a déclaré que Samer était en bonne santé avant d’être arrêté, en ajoutant que les soldats israéliens l’avaient battu pendant son arrestation.Les médias israéliens ont déclaré que le principal suspect de l’attaque avait été interrogé par le Shin Bet, puis transféré à l’hôpital dans un état de santé grave. Selon les médias, le Shin Bet a reçu l’autorisation légale d’employer des « mesures extraordinaires » pendant l’interrogatoire du prisonnier.

 

Le quotidien Haaretz a rapporté que le Shin Bet a publié un communiqué déclarant que l’enquêteur avait averti qu’Arbeed ne se sentait pas bien. En accord avec le protocole, celui-ci a été emmené pour des examens médicaux et des soins à l’hôpital. Le PCHR a souligné qu’Israël a beaucoup de précédents, prouvant l’implication des services de sécurité israéliens dans les tortures à l’encontre de dizaines de prisonniers ; cette pratique fait partie intégrante d’une politique israélienne systématique et couverte par la loi.

 

Le dernier cas remonte à la mort de Nassar Majed Taqatqah, de Bethléem, le 19 juin 2019, dans une cellule d’isolement du centre de détention de Nitzan-Ramleh. Ce jeune homme de 31 ans est mort pendant son interrogatoire, un mois après son arrestation.

 

Le PCHR insiste sur le fait que la torture est un crime international que l’on ne peut justifier et estime que la combattre est une obligation internationale en application de la Convention Contre la Torture (CCT) de 1984 et le droit international.

 

L’Article 2 de la CCT stipule : « Tout Etat Partie prendra des mesures législatives, administratives, judiciaires ou autres mesures efficaces, pour empêcher que des actes de torture soient commis sur tout territoire relevant de sa juridiction. » Avant de poursuivre : « Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture. »

Et pourtant aujourd'hui, c'est la situation de Heba al-Labadi, emprisonnée et torturée en Israël qui doit nous inquiéter et nous mobiliser ! Elle prouve que l'Etat sioniste persiste dans la pratique des mauvais traitements assimilables à de la torture à l'égard des prisonnier-es palestinien-es. Heba est en grève de la faim depuis sa condamnation à 5 mois de prison en détention administrative. Les démarches de la Jordanie pour réclamer à Israël sa libération n'ont pour l'instant pas abouti...

  

Heba, une jeune citoyenne jordanienne, a été arrêtée [kidnappée] à la frontière al-Karameh (pont Allenby) alors qu’elle se rendait de Jordanie en Cisjordanie pour assister à un mariage dans la ville palestinienne de Naplouse. Selon le réseau de prisonniers palestiniens Samidoun, Heba aurait été retenue pour la première fois au centre de détention des services de renseignements israéliens à Petah Tikva, où elle aurait été agressée et torturée.

 

Dans un article récent le journaliste Ramzy Baroud, journaliste, auteur et rédacteur en chef de Palestine Chronicle écrit : "Parmi les dizaines de prisonniers palestiniens et arabes que j’ai interviewés ces derniers mois pour un ouvrage à paraître sur l’expérience de la prison par les Palestiniens, chacun d’entre eux a subi une longue séance de torture au cours de son premier interrogatoire, souvent renouvelée pendant des mois. Si leurs expériences diffèrent, ce n’est que par l’ampleur et la durée de la torture. Cela vaut autant pour les détenus administratifs que pour les dits « prisonniers de sécurité ».

 

Et de citer le témoignage de : Wafa Samir Ibrahim al-Bis, une Palestinienne du camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza, m’a raconté ses années de détention dans les prisons israéliennes. « J’ai été torturée pendant des années dans la tristement célèbre ‘Cellule neuf’ de la prison de Ramleh, une chambre de torture qu’ils ont réservée pour des gens comme moi », a-t-elle déclaré. « J’ai été pendue au plafond et battue. Ils m’ont mis un sac noir sur la tête pendant qu’ils me battaient et m’interrogeaient pendant plusieurs heures et jours. Ils ont libéré des chiens et des souris dans ma cellule. Je ne pouvais pas dormir plusieurs jours de suite. Ils m’ont mise à nu et laissée comme ça pendant des jours. Ils ne m’ont pas permis de rencontrer un avocat ni même de recevoir la visite de la Croix-Rouge. »

 

Heba est maintenant perdue dans ce même système, un système sans pitié ni obligation de rendre le moindre compte, ni en Israël ni devant les institutions internationales qui ont le devoir de lutter contre ce type de violation flagrante du droit humanitaire. Alors que les mauvais traitements infligés à tous les prisonniers palestiniens par Israël s’appliquent de la même manière, sans distinction d’appartenance politique, d’idéologie ou d’âge, le sexe du prisonnier compte pour ce qui est du type de torture ou d’humiliation utilisé. Beaucoup des femmes emprisonnées que j’ai interrogées ont expliqué comment les mauvais traitements subis dans les prisons israéliennes impliquent souvent des actes dégradants et des abus sexuels.

 

L’un des mauvais traitements consiste à faire en sorte que les femmes détenues soient déshabillées devant leurs interrogateurs israéliens et obligées de rester dans cette situation pendant toute la durée de l’interrogatoire, qui peut durer plusieurs heures.

 

Autre témoignage cité par Ramzy Baroud, celui de Khadija Khweis, de la ville d’Al-Tour, adjacente à la vieille ville de Jérusalem-Est occupée, a été emprisonnée par Israël à 18 reprises pour des périodes allant de quelques jours à plusieurs semaines. Elle m’a dit que « le premier jour de mon arrivée à la prison, les gardes m’ont complètement déshabillée ». 

« Ils m’ont fouillée de manière si dégradante… Je ne peux même pas le décrire. Tout ce que je peux dire, c’est qu’ils ont délibérément essayé de me priver du moindre degré de dignité humaine. Cette pratique de déshabillage et de fouille corporelle dégradante se répétait chaque fois que je sortais de ma cellule puis y étais ramenée. »

 

Heba et tous les prisonniers palestiniens sont quotidiennement victimes d’humiliations et de mauvais traitements. Leurs récits ne doivent pas être réduits à une information occasionnelle ou à une publication dans les médias sociaux, mais devenir la raison d’être de tous les efforts de solidarité visant à dénoncer Israël, son système judiciaire totalement hors la loi et ses tribunaux qui ne sont qu’une parodie de justice.

 

La lutte des prisonniers palestiniens incarne les efforts de tous les Palestinien-nes. Leur emprisonnement est une représentation éclatante de l’emprisonnement collectif du peuple palestinien – ceux qui vivent sous l’occupation et l’apartheid en Cisjordanie et ceux sous l’occupation et le siège à Gaza. 

 

Et bien sûr, nous faisons nôtre la conclusion de Ramzy Baroud :

 

"Israël devrait être tenu responsable de tout cela. Les groupes de défense des droits et la communauté internationale doivent faire pression sur Israël pour qu’il relâche Heba al-Labadi et tous ses camarades détenus illégalement dans les prisons israéliennes".