Retour sur le vote de la résolution Maillard...


Avant son adoption par une majorité de député-es de la majorité LREM soutenue par l'UDI, "la résolution Maillard" avait fait l'objet de prises de position contre elle plus que significatives qu'il est bon de garder en mémoire...

 

Notamment cet appel de 127 universitaires juifs aux députés français : « Ne soutenez pas la proposition de résolution assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme » soutenu par un  collectif international paru dans le journal Le Monde du 2 décembre 2019. Cet appel est extrêmement important pour son rappel que "l'antisionisme est un point de vue légitime dans l’histoire juive, et il a une longue tradition, y compris en Israël. Certains juifs s’opposent au sionisme pour des raisons religieuses, d’autres pour des raisons politiques ou culturelles. De nombreuses victimes de l’Holocauste étaient antisionistes. Le projet de résolution les déshonore et offense leur mémoire, en les considérant rétroactivement comme antisémites."

 

Pour lire cet appel en entier : http://www.france-palestine.org/Appel-de-127-universitaires-juifs-aux-deputes-francais-Ne-soutenez-pas-la

 

Et puis, il faut également signaler cettre tribune signée de 6 député-es parue elle aussi dans Le Monde sous le titre : Antisémitisme : « Nous demandons le retrait de la résolution Maillard ». Dans cette tribune, un collectif de députés de gauche et du centre estiment que " Cette résolution, qui vise à combattre l’antisémitisme, porte atteinte à la liberté d’expression."

 

A lire ici : http://www.france-palestine.org/Antisemitisme-Nous-demandons-le-retrait-de-la-resolution-Maillard

 

Au surlendemain du vote, le constat est là et reste amer pour tous les ami-es du peuple Palestinien, la résolution est passée. Mais, on a presque envie de dire : tout ça pour ça ? Car enfin, sur le plan juridique, Il n'y a rien, tout est dans la propagande de ses initiateurs. une résolution n'est pas une loi, elle ne peut même pas adopter une définition, elle ne peut que l'approuver, c'est à dire exprimer un avis favorable. L'adoption d'un texte aurait demandé un processus parlementaire différent, et probablement beaucoup plus incertain pour ses promoteurs.

 

Il faut donc dire et répéter que si les exemples qui accompagnaient le projet de résolution initial sont exclus ; c'est le résultat de la mobilisation de l'AFPS et de ses partenaires de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine pour la préservation de notre liberté d'expression. Notre détermination à informer sur les dangers de ce texte et à convaincre de nouveaux partenaires comme SOS Racisme par exemple a certainement pesé sur les prises de position des un-es et des autres... Certes, nous n'avons pas obtenu que ce soit écrit dans la résolution, mais cela a été dit, de manière claire et nette, par le député porteur de la résolution, à la tribune de l'Assemblée. 

 

A voir ici : http://www.france-palestine.org/Resolution-Maillard-les-7-secondes-qui-changent-tout


ET AU FAIT A L'ASSEMBLÉE QUI A VOTÉ QUOI ?

Groupe par groupe le vote nominal des député-es qui n'ont pas déserté l'hémicycle au moment du débat... Scrutin public sur la proposition de résolution visant à lutter contre l'antisémitisme (art. 34-1 de la Constitution).

 

Pour l'adoption : 154

Contre : 72

Abstention : 43

Synthèse du vote

Nombre de votants : 269

Nombre de suffrages exprimés : 226

Majorité absolue : 114

Pour l'adoption : 154

Contre : 72

 

L'Assemblée nationale a adopté.

 

Pour lire le tableau de vote nominal : http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/15/(num)/2338?fbclid=IwAR0Zubg7W5fG4gYxchzgdcTQZXfPRJ_26vyijpLwET96PtaunQBw58hO390

 

ET MADAME LA DEPUTÉE DU FINISTERE DANS TOUT CA ?

 

A remarquer que de co-signatrice de la première version de cette résolution controversée, Sandrine Le Feur a fini par... s'abstenir. Si l'abstention n'empêche pas l'adoption d'un texte, elle exprime sûrement un questionnement qui aurait pu faire l'objet d'un échange constructif entre les associations des Droits de l'Homme et la députée du Finistère si, elle avait bien voulu nous recevoir. Une occasion de dialogue perdue dommageable pour tout le monde. Surtout que des points d'accord semblent être apparus entre nous et la députée du Finistère, même si les explications qu'elles donnent sur les réseaux sociaux concernant son vote posent encore certaines questions...

 

"Hier, je me suis abstenue sur la PPR lutte contre l'antisémitisme. Pourquoi ?

Il est évident qu'il faut lutter contre l'antisémitisme, mais pas que !

Nous devons lutter contre toutes les formes de haine envers une communauté.

Une mission d'information a été confié à la représentation nationale suite à cette PPR qui a été voté.

Afin d'aboutir à un large consensus, cette mission d'information aurait du se faire avant la résolution."

 

L’AFPS approuve également la mise en place d’une mission d’information parlementaire sur la lutte contre le racisme, et compte bien témoigner devant celle-ci. Et comme Sandrine Le Feur, nous disons aussi qu'il aurait fallu à l’évidence attendre les conclusions de cette mission parlementaire pour mettre au vote une résolution qui en aurait tenu compte. Et comme elle, nous avons toujours défendu la nécessité de lutter pied à pied contre l'antisémitisme MAIS AUSSI contre tous les racismes frappant toutes les communautés ou minorités vivant en France. Sans qu'il ne soit nécessaire de modifier l'arsenal législatif et juridique existant.

 

Mais alors que vient faire cette phrase dans ses explications de vote : "Nous devons lutter contre toutes les formes de haine envers une communauté." ?

 

Est-ce à dire que la lutte contre l'antisémitisme demande une action particulière et un cadre législatif spécifique en défense de la communauté juive de France de manière particulière, mais pourquoi ? Parce que l'antisémitisme prendrait des allures spécifiques aujourd'hui ? Voilà qui nous ramènerait aux origines et aux motivations profondes des initiateurs de cette résolution qui voulaient l'utiliser d'abord pour dénoncer l'antisionisme.. Mais alors, la résolution privée de ses exemples concrets concernant Israël et même de toute référence explicite à l'antisionisme doit lui paraitre très éloignée du texte qu'elle avait co-signé en mai dernier. Serait-ce là le motif réel de son abstention ?

 

Si c'est le cas, cela mériterait vraiment un échange entre Madame la députée du Finistère et les associations des Droits de l'Homme du Pays de Morlaix. Parce que, bien entendu, il n'est pas question d'échanger de manière sérieuse sur un sujet aussi grave via les réseaux sociaux...