Réactions au plan Trump/Netanyahou (1) En Palestine occupée et dans le monde arabe.


Alors que les rues palestiniennes commencent à s'exprimer contre le plan de liquidation de la Palestine orchestré par Trump et Netanyahou, la répression israélienne n'a pas tardé à répondre avec de nouveaux bombardements sur Gaza et l'assassinat de 4 jeunes palestiniens en 48h. Plusieurs manifestations contre le plan de liquidation de la Palestine ont déjà eu lieu au Liban, en Jordanie mais aussi en Europe et même à Tel Aviv, les réactions en défense de l'avenir du peuple palestinien se sont fait connaître, pas toujours exemptes d'arrière- pensées politiques...

 

Globalement le "plan de paix pour le Proche-Orient" du président Trump, présenté mardi, a immédiatement été rejeté par les Palestiniens et leurs alliés et accueilli avec circonspection ou de façon positive dans le reste du monde. Premier tour d'horizon des réactions politiques en Palestine et dans le monde arabe. Nous reviendrons plus tard, sur les réactions en Israël et dans les pays occidentaux...

 

Rejet unanime des Palestiniens

 

Ce plan, favorable à Israël, à qui il accorde de nombreuses garanties et notamment un feu vert pour annexer les colonies, « ne passera pas » a rapidement réagi le président palestinien, Mahmoud Abbas. « Il est impossible pour n’importe quel enfant, arabe ou palestinien, d’accepter de ne pas avoir Jérusalem » comme capitale d’un Etat palestinien, a déclaré le président Abbas pour signifier l’étendue, selon lui, du refus palestinien de voir Jérusalem devenir la capitale « indivisible » d’Israël comme l’a proposé le président américain.

 

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a formellement rejeté le plan présenté à la Maison-Blanche. « Nous n’accepterons pas de substitut à Jérusalem comme capitale de l’Etat de Palestine », a déclaré Khalil Al-Hayya, un haut responsable du mouvement. Ce plan « ne passera pas » et pourrait conduire les Palestiniens vers une « nouvelle phase » de leur lutte, avait prévenu le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avant même l’annonce du président Trump.

 

Pour le mouvement chiite libanais Hezbollah, cette proposition n’est qu’une « tentative d’éliminer les droits du peuple palestinien, historiques et légitimes ». L’Iran a jugé que « le plan de paix de la honte imposé par l’Amérique aux Palestiniens est la trahison du siècle et est voué à l’échec »

 

Pour le ministère turc des Affaires étrangères, ce projet « mort-né » est un « plan d’occupation visant à tuer une solution à deux Etats et à extorquer des Territoires palestiniens ».

 

La Jordanie a estimé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, que l’établissement d’un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 restait « la seule voie pour une paix globale et durable ».

 

Pour sa part le président tunisien, M. Saïd a affirmé dans sa première interview depuis son accession au pouvoir, diffusée à la télévision nationale Wataniya, que ce plan « C’est l’injustice du siècle et une haute trahison, »

« La Palestine n’est pas un domaine à marchander », a ajouté M. Saïed.

Il avait arboré le drapeau palestinien le soir de son élection le 13 octobre, et martèle depuis des positions farouchement opposées à Israël. « La normalisation avec l’entité sioniste est un crime », a-t-il estimé.

 

A l'encontre de ces réactions, l'Arabie Saoudite et l'Egypte qui ont encouragé  les palestiniens à rester à l'écoute des propositions étasuniennes et celles du Soudan ou du Maroc qui ont profité de ce contexte particulier pour renouer le dialogue avec l'Etat israélien.

 

lire à ce sujet :

https://www.letelegramme.fr/monde/historique-selon-israel-le-plan-trump-suscite-le-courroux-des-palestiniens-29-01-2020-12490224.php

 

http://www.msn.com/fr-xl/afrique-du-nord/actualite/maghreb-le-maroc-lâche-les-palestiniens-pour-faire-plaisir-à-israël/ar-BBZIciO

 

https://www.middleeasteye.net/fr/en-bref/la-normalisation-entre-israel-et-le-soudan-en-marche


REUNION DE LA LIGUE ARABE AUTOUR DE MAHMOUD ABBAS.

 

Le 1er février, Mahmoud Abbas, Président de l'Autorité palestinienne a annoncé la rupture de « toutes les relations », y compris sécuritaires, entre l’Autorité palestinienne d’une part et Israël et les États-Unis d’autre part, lors d'une réunion de la Ligue arabe.

 

(...) La réunion de la Ligue arabe est souvent un lieu propice à la surenchère et aux démonstrations d’unité quand la question du conflit israélo-palestinien est en jeu. Celle de samedi n’a pas échappé à la règle. Alors qu’une partie des pays arabes – notamment les Émirats arabes unis, l’Égypte, et dans une moindre mesure l’Arabie saoudite – avaient accueilli plutôt positivement le plan de paix pour le Proche-Orient dévoilé par le président américain Donald Trump mardi dernier, la Ligue arabe a rejeté officiellement samedi l’offre de la Maison-Blanche.

 

Ce plan « ne respecte pas les droits fondamentaux et les aspirations du peuple palestinien », a affirmé l’organisation, en promettant que les dirigeants arabes ne coopéreraient pas avec Washington pour sa mise en œuvre. Réunie au niveau de ses ministres des Affaires étrangères autour du président palestinien Mahmoud Abbas, la Ligue a insisté sur la création d’un État palestinien fondé sur les frontières d’avant la guerre des Six-Jours, en 1967.

 

Comment expliquer ce contraste entre ce rejet unanime qui s’accompagne d’une réaffirmation de la position traditionnelle des pays arabes et leur absence de critique vis-à-vis du plan depuis mardi ? La volonté des pays arabes, notamment de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, de ne pas heurter directement l’allié américain est sans doute un élément à prendre en compte pour analyser leurs premières réactions. Mais leur rejet du plan, via la Ligue, ne doit pas non plus être surinterprété, compte tenu du fait qu’il leur était difficile de dire autre chose dans de telles conditions, ce qui aurait pu donner l’impression qu’ils ont abandonné la cause palestinienne.

 

Plus que l’unité des pays arabes, la réunion de la Ligue a surtout confirmé que la question palestinienne était encore taboue dans la région et que personne – pas même les Émirats arabes unis qui ont participé à l’annonce du plan mardi et qui ont « salué une initiative sérieuse » – ne pouvait officiellement soutenir un plan qui franchit plusieurs lignes rouges, notamment celle de considérer Jérusalem comme la capitale indivisible d’Israël. « Je ne vais pas rester dans l’histoire comme celui qui a abandonné ou vendu al-Qods », a dit samedi le président palestinien, utilisant ainsi un argument particulièrement sensible et efficace dans le monde arabe.

 

Samedi, le président de l’Autorité palestinienne s’est voulu catégorique en affirmant qu’il n’y aurait désormais « aucune sorte de relation » avec les Israéliens « ainsi qu’avec les États-Unis, y compris en matière de sécurité à la lumière du plan américain » dévoilé mardi par le président Donald Trump.

 

Mahmoud Abbas a affirmé avoir averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de sa décision et a appelé l’État hébreu à « prendre ses responsabilités en tant que puissance occupante » des territoires palestiniens. Les Palestiniens « ont le droit de continuer leur lutte légitime par des moyens pacifiques pour mettre fin à l’occupation », a-t-il ajouté, justifiant son annonce par le fait que le plan américain constituait une « violation des accords d’Oslo » signés avec Israël en 1993.

 

(...) Le président palestinien a annoncé qu’il se rendrait au Conseil de sécurité de l’ONU – où Washington a un droit de veto – d’ici peu pour appeler à une conférence internationale visant à relancer les négociations avec Israël, sous l’égide d’un quartet incluant la Russie, l’Union européenne, l’ONU et les États-Unis. « Mais nous n’accepterons pas que ce soit uniquement les États-Unis. Nous avons déjà essayé », a-t-il ajouté.

 

A lire également pour aller plus loin https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/les-responsables-israeliens-de-la-securite-et-les-dirigeants-arabes-sont-daccord-le


Saeb Erekat : "Le plan US pour le Proche-Orient menace de créer un précédent"

 

Secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) depuis juillet 2015 et négociateur en chef de l’Autorité palestinienne (AP), Saeb Erekat est l’un des hommes-clés du processus de paix israélo-palestinien, dont il a connu de près tous les soubresauts. Il répond aux questions de L’Orient-Le Jour, dans un contexte marqué par la présentation du plan de « paix » américain pour le Proche-Orient mardi dernier, qui officialise l’annexion d’une partie de la Cisjordanie par Israël.

 

« Le contenu du plan Kushner est-il pire que ce à quoi vous vous attendiez ?

 

- Cela s’inscrit dans la continuité de ce que l’administration Trump a fait jusque-là. C’est de l’accaparement de terres. C’est du vol. C’est un plan d’annexion qui considère les colonies comme légales et qui refuse de considérer que notre pays est sous occupation.

 

Pensez-vous que cela remet en cause la stratégie diplomatique de l’AP ? Quelles devraient être les priorités stratégiques à présent pour l’AP ?

 

- Il ne s’agit pas de l’Autorité palestinienne mais de la Palestine. Notre priorité stratégique est simple : la liberté de notre peuple. Mais ici, il n’est pas uniquement question de la Palestine. Le plan sape les principes de base de la communauté internationale dans son ensemble. C’est une attaque directe contre le droit international et contre la Charte des Nations unies, qui menace de créer un précédent. Le monde doit être conscient de cela.Une partie du mouvement international de solidarité avec la Palestine s’exprime de plus en plus en faveur d’une solution à un État – dans lequel tous les citoyens auraient les mêmes droits.

 

Pensez-vous qu’une solution à deux États soit toujours possible ?

 

- Notre mandat est de libérer notre pays. L’occupation prendra fin. Notre position demeure fondée sur l’établissement d’un État de Palestine indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, honorant les droits des réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 de l’ONU.

Je comprends parfaitement l’argument en faveur de la solution à un seul État, le concept d’égalité en droits est juste. La question ici est cependant de savoir comment parvenir à un accord qui respecte les droits inaliénables du peuple palestinien conformément au droit international.

Nous pensons qu’un accord basé sur la solution à deux États dans les frontières de 1967 et qui résout toutes les questions sur la base du droit international est juste.

 

Comment percevez-vous les réactions du monde arabe ?

 

- Collectivement, le monde arabe demeure attaché à la juste cause du peuple de Palestine et à la réalisation de ses droits inaliénables, principalement notre droit à l’autodétermination. Et si certains pays arabes ont choisi d’accueillir le plan de Trump, ils ne l’ont pas approuvé. »

 

par Soulayma Mardam bey, L’Orient Le Jour  le 4 février 2020

https://www.lorientlejour.com/article/1205100/saeb-erekat-le-plan-us-pour-le-proche-orient-menace-de-creer-un-precedent.html


L'Union africaine (UA) s'est déclarée à son tour dimanche 9 janvier, contre "le plan de paix" de Donald Trump. Après le refus de la Ligue arabes et la distance prise par certains pays de l'Union européenne, c'est une prise de position importante qui vient de nouveau conforter l'opposition internationale à cette vaste escroquerie politique...

 

Pour lire l'article publié sur le sujet par le site l'Orient le jour :

https://www.lorientlejour.com/article/1205805/conflit-israelo-palestinien-lua-rejette-le-plan-americain.html