Ghassan Kanafani, anticolonialiste, écrivain et journaliste


Ghassan Kanafani (en arabe : غسان كنفاني, né le 8 avril 1936 à Acre, en Palestine et mort le 8 juillet 1972 à Beyrouth, au Liban) était un écrivain palestinien et membre important du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP). Le 8 juillet 1972, il a été assassiné par le service d'intelligence israélien Mossad.

 

Il compte comme l’une des voix importantes de la littérature palestinienne. De la lutte anticolonialiste, aussi. Assassiné par les services secrets israéliens en 1972, Ghassan Kanafani était le porte-parole de l’une des principales formations palestiniennes, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) — une organisation marxiste-léniniste fondée cinq ans plus tôt, au lendemain de la guerre des Six Jours, c’est-à-dire de la défaite arabe et du triplement de l’emprise territoriale israélienne. Combinant lutte armée et idéologique, le FPLP affichait son opposition à l’occupation comme aux forces réactionnaires arabes (féodales ou capitalistes). Il entendait, par tous les moyens1, « faire sortir la question palestinienne de l’anonymat », et aspirait à terme à la création d’un État unique, laïc et socialiste, assurant aux deux peuples une égale citoyenneté sur la terre historique de Palestine. Portrait. Par Ricardo Vaz et Raffaele Morgantini.

 

UN ARTICLE TRADUIT ET PUBLIE SUR LE SITE DE LA REVUE BALLAST LE 28 DECEMBRE 2020

 

Kanafani est né le 8 avril 1936 à Acre, en Palestine. Il vit avec sa famille à Jaffa jusqu’à ce qu’ils soient contraints de partir durant la Nakba (la « catastrophe »), en 1948, pour finalement s’installer à Damas. Ayant vécu dans un camp de réfugiés, il commencera à enseigner, plus tard, dans un camp de réfugiés de l’UNRWA afin d’aider sa famille et de pouvoir poursuivre ses études. Son expérience en leur sein transparaîtra dans une grande partie de ses écrits. Au cours de ses études de littérature arabe à l’université de Damas, il s’intéresse à la politique et rencontre Georges Habache3, alors chef du Mouvement des nationalistes arabes (ANM) ; il se met à travailler à ses côtés. Après avoir enseigné quelques années durant au Koweït, où on lui a diagnostiqué un diabète sévère, Kanafani s’installe à Beyrouth pour rejoindre la rédaction du magazine al-Hurriyya (Liberté) — à l’invitation de Habache.

 

En 1961, il épouse l’enseignante danoise Anni Hoover, venue à Beyrouth afin d’étudier la situation des réfugiés ; il publie un an plus tard son premier grand ouvrage, Des hommes dans le soleil [رجال في الشمس]. Un succès immédiatement acclamé dans tout le monde arabe. Dans les années 1960, Kanafani s’avère pour le moins prolifique, tant sur le plan littéraire que journalistique — au même moment, la résistance et la lutte armée palestiniennes s’intensifient. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) est fondée en 1965 et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) deux ans après, remplaçant l’ANM : Kanafani devient le rédacteur en chef d’Al-Hadaf, l’organe du FPLP. Via une orientation explicitement marxiste, le parti s’est engagé à résister à l’occupation de la Palestine et à établir un seul et même État, sur la base d’une nouvelle société, laïque et fondée sur la justice sociale, en Palestine. La période 1970–72 est dense en activités politiques et armées ; Kanafani est alors membre du politburo du FPLP et porte-parole de ce dernier.

 

Le FPLP considère la lutte contre l’occupation israélienne comme relevant pour l’essentiel d’une résistance anticoloniale. Après les défaites de 1948, et surtout de 1967 [guerre des Six jours, ndlr], la lutte dans le domaine culturel s’est avéré de toute importance pour recouvrer une identité nationale palestinienne quotidienne, menacée par la dispersion et le nettoyage ethnique et culturel. La première étape pour récupérer leur pays. Le 8 juillet 1972, Kanafani est tué à Beyrouth avec sa nièce Lamees, âgée de 17 ans, par une voiture piégée par le Mossad — et avec de fortes présomptions de collusion de la part des autorités libanaises. À propos de ce meurtre de sang froid, sa sœur a écrit :

 

Le matin du samedi 8 juillet 1972, vers 10 h 30, Lamees et son oncle sortaient ensemble à Beyrouth. Une minute après leur départ, nous avons entendu le bruit d’une très forte explosion qui a secoué tout le bâtiment. Nous avons tout de suite eu peur — mais notre peur était pour Ghassan, non pour Lamees, car nous avions oublié qu’elle se trouvait avec lui et nous savions que Ghassan était la cible de l’explosion. Nous avons couru dehors, nous appelions tous Ghassan et pas un seul d’entre nous n’appelait Lamees. Elle était encore une enfant de 17 ans. Tout son être aspirait à la vie, était plein de vie. Mais nous savions que Ghassan était celui qui avait choisi cette route et l’avait parcourue. La veille encore, Lamees avait demandé à son oncle de réduire ses activités révolutionnaires et de se concentrer davantage sur l’écriture de ses récits. Elle lui avait dit « Tes histoires sont magnifiques », et il avait répondu : « Recommencer à écrire des histoires ? J’écris bien parce que je crois en une cause, en des principes. Le jour où j’abandonnerai ces principes, mes histoires seront vides. Si je délaissais mes principes, tu ne me respecterais pas. » Il a réussi à convaincre la jeune fille que la lutte et la défense des principes est ce qui mène finalement au succès global...

 

Pour lire la suite de cet article, nous vous proposons de suivre le lien vers le site de l'excellente revue BALLAST où vous trouverez nombre de notes, de liens et d'annexes concernant l'apport et la mémoire de Ghassan Kanafani : 

 

https://www.revue-ballast.fr/ghassan-kanafani-anticolonialiste-ecrivain-et-journaliste/