Georges Ibrahim Abdallah doit sortir de prison !


Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais, engagé pour la cause palestinienne, est emprisonné en France depuis 35 ans !

 

Acharnement judiciaire ou acharnement politique ?Condamné en 1984 pour détention de faux papiers, Georges Ibrahim Abdallah a été renvoyé devant les tribunaux spéciaux en 1987 pour complicité dans les attentats des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises dont il était membre), et condamné à la prison à perpétuité.

 

Faut-il rappeler que cette condamnation à la plus lourde peine du code pénal français ne repose sur aucune charge directe mais sur une complicité présumée d’homicide volontaire suite à la revendication par les FARL de l’assassinat de deux responsables israélien et américain des services de renseignements en poste dans l’Hexagone et à la découverte d’armes dans un logement loué au nom de Georges Ibrahim Abdallah ?

 

A ce jour, il est toujours détenu à la prison de Lannemezan.Il est juridiquement libérable depuis 1999, à l’issue d’une période de sûreté de quinze ans. La juridiction de l’application des peines s’est prononcée deux fois pour sa libération. Alors que la première fois en 2003 la cour d’appel a annulé cette décision, elle l’a validé en 2013. Mais cette décision n’a jamais été appliquée suite à des pressions des USA et d’Israël.

 

Citons les déclarations d’Yves Bonnet, responsable en 1984 de la sécurité intérieure française (D.S.T), puis député UDF, s’insurgeant dans des déclarations publiques (Interview au "Courrier de l’Atlas" le 17 février 2016) contre le maintien en détention d’un militant politique au motif de complicité dans l’assassinat des deux responsables de services de renseignements étrangers, dans un contexte où les armées israéliennes et américaines étaient considérées comme forces d’occupation au Liban lors de l’invasion du sud - Liban par Israël (fin des années 70 et début des années 80).

 

« Georges Ibrahim Abdallah n’a plus rien à faire en prison » (Yves Bonnet en 2016)

 

Ces faits, ces déclarations, démontrent que ce sont bien des raisons d’État qui condamnent ce prisonnier à une perpétuité réelle : « Nous avons la peine perpétuelle réelle en France avec Georges Ibrahim Abdallah », déclarait même Jean-Claude Urvoas, alors ministre de la Justice, sur les ondes de France Inter le 31 mars 2016.Les interférences étrangères dans les affaires internes d’un pays, du fonctionnement de sa justice, ne sont certes pas rares.

 

Mais nous n’acceptons pas l’application en France d’une perpétuité réelle, le refus de fait de toute libération conditionnelle, la seule perspective pour ce résistant politique d’une mort en détention, pour complaire à des États qui ne sont pas les nôtres.Georges Ibrahim Abdallah ne doit pas mourir en prison.

 

Liberté pour Georges Ibrahim Abdallah !

Le Bureau national de l’AFPS - 18 octobre 2019


QUI EST GEORGES IBRAHIM ABDALLAH ?

 

Né le 2 avril 1951 à Kobayat, dans le nord du Liban, Georges Ibrahim Abdallah a grandi dans ce pays à une époque où la crise structurelle de l’entité libanaise devenait de plus en plus insurmontable. C’est l’époque où pour conjurer tout changement et contrer la radicalisation du mouvement des masses populaires et de la jeunesse, la bourgeoisie n’hésita pas à pousser vers la guerre civile confessionnelle. L’affirmation de la réalité révolutionnaire palestinienne sur le devant de la scène régionale et libanaise a démultiplié la portée des diverses initiatives de luttes sociales fleurissant au début des années 70. A la veille de l’éclatement de la guerre civile de 1975 la crise du système a changé de nature et la portée des enjeux. Les « ceintures de la misère » autour de Beyrouth, les villes et les villages du Sud et les camps de réfugiés aux abords des principales villes incarneront dès lors et pour de longues années les enjeux locaux, régionaux et internationaux du mouvement révolutionnaire…

Cette réalité de lutte, de résistance et de sacrifice a construit la conscience politique de Georges Abdallah et déterminé son engagement révolutionnaire. Tout naturellement, il choisit la résistance face aux massacres de masse perpétrés par les bourgeois confessionnalistes de tout bord et leurs alliés israéliens et franco-américains. La Quarantaine, Naba’a, Tal Azza’atar, Sabra et Chatila et combien d’autres tueries sont restées dans nos mémoires.

Georges Ibrahim Abdallah commence son engagement politique dans les rangs du Parti National Social Syrien (PNSS) pour rejoindre ensuite la résistance palestinienne, en adhérant au Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Il est blessé lors de la résistance à l’invasion sioniste du Sud Liban en 1978. Contre la barbarie sioniste et impérialiste États-Unienne, plusieurs organisations de combattants libanais et arabes décident de mener la lutte de résistance en frappant les intérêts impérialistes et sionistes dans le monde entier. C’est le cas des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL), entrées en action en Europe.

Parmi les principales opérations attribuées aux FARL en France : l’exécution le 18 janvier 1982 du colonel Charles Ray, attaché militaire à l’ambassade États-Unienne et l’exécution le 3 avril 1982 de Yakov Barsimantov, responsable du Mossad et secrétaire en second à l’ambassade sioniste à Paris.

File photo show LARF activist George Ibrahim Abdallah escorted by a French Gendarme as he arrives at Lyon courthouseLes autorités françaises arrêtent Georges Abdallah le 24 octobre 1984 à Lyon. Son incarcération est motivée par la détention de vrais-faux papiers d’identité : un passeport délivré légalement par les autorités algériennes. L’État français s’engage auprès du gouvernement algérien à le libérer rapidement.

Georges Abdallah est condamné à quatre années de détention le 10 juillet 1986, pour détention d’armes et d’explosifs. Il refuse le procès mais n’interjette pas appel.

Cependant les autorités états-uniennes exercent des pressions directes sur le gouvernement français afin qu’il ne soit pas relâché. Les États-Unis d’Amérique se constituent partie civile dans le procès et le président américain Reagan en personne aborde le sujet lors d’une rencontre avec le président français Mitterrand. Les pressions sionistes ne manquent pas non plus.

Finalement, le gouvernement français ne respecte pas l’engagement pris auprès des autorités algériennes. Entre temps, en 1985- 1986, des attentats faisant de nombreuses victimes (13 morts et plus de 300 blessés) sont commis à Paris. Ils sont revendiqués par le CSPPA (Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques Arabes). Celui-ci exige la libération d’Anis Naccache(1), de Varoudjian Garbidjian(2) et de Georges Abdallah.

Ces attentats ont probablement été commis par un réseau financé par l’Iran pour faire payer à la France son soutien à l’Irak dans la guerre contre l’Iran.

C’est dans ce contexte, alors que Georges Abdallah est incarcéré depuis plus d’un an, que la Direction de la surveillance du territoire (DST) annonce la « découverte » d’une arme dans un appartement loué en son nom, prétendant que celle-ci avait été utilisée dans l’attentat contre le colonel Charles Ray et l’agent Yakov Barsimantov.

 

En mars 1987, les autorités françaises jugent une seconde fois Georges Ibrahim Abdallah sur la base de cette saisie miraculeuse. Un verdict de condamnation à perpétuité est prononcé bien que le procureur général n’ait requis qu’une peine de dix ans d’emprisonnement.En prison, Georges Abdallah continue à défendre la cause des peuples opprimés. C’est ainsi qu’il adhère à la Plate-forme du 19 juin 1999 qui réunit dans une communauté de lutte une centaine de prisonniers révolutionnaires, communistes, anarchistes, antifascistes et anti-impérialistes, et qu’il participe aux grèves de la faim de solidarité avec les prisonniers révolutionnaires en Turquie.

 

En août 2002, en solidarité avec les prisonnières palestiniennes détenues à Neve Tirza, en grève de la faim pour dénoncer les humiliations quotidiennes dont elles font l’objet dans les geôles sionistes, Georges Ibrahim Abdallah et plusieurs dizaines de prisonniers détenus à Moulins refusent le repas de l’administration pénitentiaire.

En novembre 2003, la juridiction régionale de libération conditionnelle de Pau autorisait sa libération. Sur ordre de Dominique Perben, Ministre de la justice, le procureur général de Pau fait appel de cette décision. La juridiction nationale de libération conditionnelle rend son verdict le 15 janvier 2004, décidant le maintien en prison de Georges Abdallah.

Il présente une nouvelle demande de libération conditionnelle, en février 2005. Le Tribunal de Grande Instance de Tarbes, présidé par le même juge qui avait statué positivement à la première demande de libération en 2003, rejette cette nouvelle demande en septembre 2005.

L’appel de cette décision, introduit par Georges en septembre 2005, est rejeté en février 2006.

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Le déroulement de l’examen de sa dernière demande de libération conditionnelle, qui aura duré deux ans et trois mois, est une illustration de l’acharnement judiciaire pour raison politique contre Georges Abdallah.

Le 6 février 2007, Georges Ibrahim Abdallah dépose une nouvelle demande de libération conditionnelle. Après deux reports de date cette demande de libération est refusée en octobre 2007. L’un des motifs évoqués est que Georges Abdallah continue d’être, selon la DST, « une menace pour la sécurité » de la France et que « ses convictions anti-impérialistes et anti- israéliennes sont restées intactes ». Georges Abdallah fait appel.

En décembre 2007 a lieu l’examen en appel de la demande. La décision annoncée une première fois pour janvier 2008 est reportée en avril 2008. Entre-temps la loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté entre en application. En avril 2008, la justice décide d’appliquer rétroactivement la nouvelle loi et envoie, en août 2008, Georges Abdallah au Centre national d’observation de Fresnes pour une période de six semaines à l’issue de laquelle une commission pluridisciplinaire devra donner son avis. En décembre 2008, il est notifié à Georges Abdallah que son dossier sera étudié le 22 janvier 2009. Le 8 janvier 2009 l’audience est de nouveau reportée au 26 mars 2009.

Peu de temps avant l’audience, la commission pluridisciplinaire rend son avis, défavorable, au motif que Georges Abdallah « a des convictions politiques intactes et très solides ». Le 26 mars, la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris a finalement réexaminé la demande de Georges Abdallah et a mis en délibéré sa décision au 5 mai 2009.

Le 23 avril 2009, le ministre libanais de la justice, Ibrahim Najjar remet à son homologue française, Rachida Dati, en visite officielle au Liban, un dossier sur Georges Ibrahim Abdallah.

Et les péripéties judiciaires continuent. Le 1 décembre 2009, Georges Abdallah est convoqué à comparaitre devant le tribunal de Tarbes pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement de son ADN à Lannemezan en 2008. Au cours de ce procès des plus expéditifs, Georges rappelle que ce prélèvement biologique avait déjà été effectué en 2003. Verdict : trois mois d’emprisonnement. Georges fera appel.

Le 18 février, Georges Abdallah a comparu devant la Cour d’Appel de Pau et a souligné que son ADN devait être depuis longtemps déjà enregistré par la DST, la CIA et le Mossad. Mais le ministère public a affirmé qu’elles ne figuraient pas dans les fichiers de la Justice a requis la même peine. La décision, attendue pour le 1 avril, a été donnée le 20 mai : la relaxe a été prononcée. Cinq jours après, le ministère public se pourvoit en cassation. Il fallait certainement éliminer toute possibilité que la décision du 20 mai fasse jurisprudence, afin que cette loi liberticide continue de s’appliquer aux prisonniers, à tout interpellé, à tous les opposants à la soumission volontaire.

sources : cette présentation du parcours de Georges Ibrahim Abdallah est celle qui figure sur le blog du Collectif pour la libération de Georges Abdallah - On y trouve par ailleurs, les informations actualisée sur la campagne, une revue de presse et les déclarations d'Abdallah  - https://liberonsgeorges.samizdat.net 


Le 19 octobre 2019 une manifestation pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah a eut lieu comme chaque année devant le centre pénitencier de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées où il est enfermé. Plus de 500 personnes ont manifesté devant la prison à l'appel du Collectif et par de nombreux partis et élus politiques, ainsi que par des associations, dont l'AFPS. En lien le reportage de FR3 sur cette initiative.

 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/hautes-pyrenees/tarbes/hautes-pyrenees-nouvelle-manifestation-demander-liberation-georges-ibrahim-abdallah-1738851.html


Le 2 avril 2020, le Collectif pour la libération d'Abdallah a lancé un appel pour intensifier la campagne en direction du gouvernement français. A cette occasion, il a rendu publique la lettre suivante...

 

INTENSIFIONS LA CAMPAGNE DE DEMANDE DE LIBERATION DE NOTRE CAMARADE GEORGES ABDALLAH !

 

Chers amis, chers camarades,

 

Le 25 mars 2020, Nicole Belloubet, ministre de la Justice, annonçait que décision était prise avec le gouvernement, au vu de la crise sanitaire engendrée par la pandémie, de libérer de façon anticipée plusieurs milliers de détenus en fin de peine.

 

Depuis lors, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour exiger une fois de plus la libération de notre camarade Georges Abdallah : on ne compte plus les lettres adressées, en ce sens, à la Garde des Sceaux par les collectifs et les organisations de soutien sur le plan national et international mais aussi les interpellations formulées par des députés de plus en plus acteurs et actifs dans ce combat.

 

Et pour autant, force est de constater aujourd’hui que cette fois encore, et ce malgré le contexte très exceptionnel de la menace grandissante et de l’urgence d’agir, qu’une fin de non-recevoir est là encore exprimée à travers le silence assourdissant et criminel de ce pouvoir politique et judiciaire pleinement responsable et coupable d’exposer notre camarade Georges Abdallah au risque du coronavirus.

 

Cette fois encore, semble-t-il, pas question de libérer Abdallah ! Pas question de libérer Georges Abdallah, dont, depuis maintenant plus de 21 ans, « la demande de libération n’est pas recevable ! ».

 

Pas question de libérer Abdallah ! Alors que Georges Abdallah a vu sa peine de sûreté accompli en 1999 et qu’il est libérable depuis plus de 20 ans.

Pas question de libérer Abdallah ! Alors qu’en 2012, le tribunal d’application des peines a donné un avis favorable à sa libération et que, depuis lors, le Liban, son pays, a réaffirmé à maintes reprises son accord pour son retour.

Pas question de libérer Abdallah ! Alors que Georges Abdallah, âgé de 69 ans, est aujourd’hui le plus ancien prisonnier politique en Europe après 36 ans de captivité.

 

Et pour autant, s’il est bien un état d’urgence qu’il faut décréter aujourd’hui, c’est bien celui de libérer Georges Abdallah !

Face à ce déni aujourd’hui encore réitéré par le pouvoir en place de la légitime libération de notre camarade Georges Abdallah, nous, campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah lançons une initiative pour accentuer la pression et intensifier le rapport de force qui seul fera plier ces donneurs d’ordre - comme le signalait déjà en toute clairvoyance notre camarade quand en octobre 2019, il déclarait déjà :

 

Nous appelons ainsi à faire entendre le plus largement possible le cri de Georges Abdallah et avec lui de tous les prisonniers politiques en inondant quotidiennement par l’envoi massif de la lettre ci-jointe les adresses mails de Madame la Garde des Sceaux, (nicole.belloubet@justice.gouv.fr) du Ministre de l’Intérieur (christophe.castaner@intérieur.gouv.fr) , de Monsieur le Premier Ministre (edouard.philippe@pm.gouv.fr), du Président de la République française, de l’ambassadeur du Liban à Paris, du Ministre des affaires étrangères libanaises et enfin du Président du Liban -

 

Salutations rouges internationalistes et solidaires

Paris, 2 avril 2020

 

https://liberonsgeorges.samizdat.net