Quand épidémie et occupation coloniale s'auto-alimentent...


Depuis l'Église de la nativité à Bethléem, les Palestiniens hissent le drapeau italien en solidarité avec le peuple italien qui a toujours manifesté son soutien à la Palestine.
Depuis l'Église de la nativité à Bethléem, les Palestiniens hissent le drapeau italien en solidarité avec le peuple italien qui a toujours manifesté son soutien à la Palestine.

La crise sanitaire liée au coronavirus n’a pas de frontière et elle appelle aux valeurs de solidarité partout où elle fait des victimes. Mais pour les Palestiniens qui restent soumis à l’occupation, au blocus, au déni de leurs droits, à des agressions révoltantes des forces d’occupation et des colons, elle prend des allures de double peine. Plus que jamais, le peuple palestinien a besoin de notre solidarité et de notre vigilance...

 

A l'heure où sont écrites ces lignes, le nombre de malades du coronavirus reste plutôt maitrisé dans l'État Israélien. Une situation qui est peut-être le résultat des nombreuses mises en quarantaine décidée par le gouvernement israélien depuis début mars. Dès le début du mois de mars, le gouvernement a annoncé que ses citoyens et ses résidents en provenance de cinq pays européens - la France, l'Espagne, la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche - seraient systématiquement mis en quarantaine. Une mesure qui avait déjà été mise en œuvre pour l'Italie. Quant aux étrangers arrivant de ces mêmes pays, ils sont tous systématiquement refoulés. Par ailleurs, le gouvernement déconseille aux Israéliens de voyager si cela n'est pas indispensable.

 

Sur les premiers éléments liés à l'apparition du coronavirus Israël/Palestine, on peut lire cet article paru le 9 mars  : https://www.lesclesdumoyenorient.com/Coronavirus-la-peur-gagne-Israel.html 

 

Aujourd'hui 324 personnes touchées par le coronavirus sont recensées, et si aucune mort n'est à déplorer, 5 malades, le sont gravement. Quelque 50.000 personnes seraient déjà mises en quarantaine, un nombre élevé pour un pays de 9 millions d'habitants. Les mises en quarantaines à domicile sont contrôlées par la police qui utilise les moyens technologiques les plus perfectionnés pour surveiller les personnes contaminées. C'est à dire celle que l'État colonial utilise d'ordinaire pour surveiller ses opposants.

 

Sur cet aspect particulier de la situation ouverte par l'épidémie, on lira avec intérêt les articles suivants : https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/bibi-watching-you-israel-deploie-ses-espions-pour-sattaquer-aux-coronavirus

 

https://www.liberation.fr/planete/2020/03/15/coronavirus-israel-ou-la-strategie-de-la-forteresse_1781762

 

En Cisjordanie, c'est dans la ville de Bethléem que sont apparu les premiers cas de coronavirus, obligeant l'Autorité Palestinienne à décréter un confinement d'un mois de toute la cité et la fermeture de la basilique de la Nativité, pour la première fois depuis la seconde Intifada. Ce qui, à l'approche des fêtes de Pâques, ne manque pas d'inquiéter les familles palestiniennes qui dépendent du tourisme à Bethléem...

 

https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/une-ville-fantome-bethleem-les-festivites-de-paques-compromises-par-le-coronavirus

 

Au delà de Bethléem, la question des travailleurs palestiniens obligés d'aller travailler en Israël va se poser de manière cruciale comme le rapporte l'article ci-dessous 

 

https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/les-travailleurs-palestiniens-face-un-choix-difficile-gagner-leur-vie-ou-se-proteger-du

 

Un article publié sur The Electronic Intifada nous apprend que le 11 mars l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapportait 30 cas confirmés de COVID-19 en Cisjordanie occupée, tous dans la zone de Bethléem, et un, à Tulkarem. A priori, pour l'instant rien n'indique que la bande de Gaza, et les camps de réfugiés de Cisjordanie où vivent pourtant dans des conditions souvent extrêmement difficiles des populations nombreuses aient été atteints par le virus. Paradoxalement, l'enfermement permanent de ces populations liés à l'occupation et au blocus explique en partie cette situation, mais aussi les mesures de prévention prises par les autorités sanitaires palestiniennes. Cependant une question à laquelle personne n'est capable de répondre aujourd'hui demeure, jusqu'à quand ces populations seront-elles épargnées ?

 

https://charleroi-pourlapalestine.be/index.php/2020/03/12/cisjordanie-occupee-30-cas-confirmes-de-covid-19/

 

Ce qui semble évident, c'est que la situation de crise apparue avec le coronavirus, profite, au moins dans un premier temps, à Benyamin Netanyahou. Pour le moment, il demeure premier ministre en exercice et il  a multiplié les déclarations pour démontrer qu’il tenait les choses bien en main. Bien que son adversaire, Benny Gantz ait été désigné pour former le prochain gouvernement, c'est bel et bien Netanyahou qui gère la crise ouverte par épidémie et qui compte bien l'utiliser à ses fins. Première satisfaction pour lui, le report pour deux mois de sa convocation devant le tribunal où il devait comparaître pour malversation et abus de confiance. Incapable de former un gouvernement issu des urnes, Netanyahou tente de passer en force et de garder le pouvoir grâce au coronavirus (voir l'article du Point ci-dessous)...

 

 http://www.france-palestine.org/Benny-Gantz-le-rival-de-Netanyahou-en-passe-d-etre-nomme-pour-former-le

 

https://www.lepoint.fr/monde/coronavirus-comment-netanyahou-a-tente-d-exploiter-la-crise-18-03-2020-2367693_24.php

 

Alors que l'épidémie menace toute la région, Israël et les colons poursuivent leurs agressions contre les Palestiniens. Difficile de lutter contre le coronavirus dans ces conditions. Ainsi, distribuer des tracts éducatifs sur le COVID-19 est interdit aux Palestiniens du Secours médical palestinien (PMRS) à Jérusalem au motif que ceci "viole la souveraineté israélienne sur sa capitale indivisible". Trois bénévoles de l'association ainsi que Nasser Jamjoum, son coordinateur, ont été arrêtés pour cette distribution. Nasser a été libéré mais avec ordre de se tenir à l'écart de la vieille de Jérusalem pendant deux semaines...

 

Le signal donné par le plan Trump pour de nouvelles annexions de terres palestiniennes adjacentes aux colonies israéliennes ou dans la Vallée du Jourdain oblige les Palestiniens à se mobiliser chaque jour pour défendre leurs terres. C'est le cas par exemple des habitants de Beita, au sud de Naplouse qui depuis fin février sont victimes d'agressions de plus en plus violentes de la part des colons.

 

Lire ici : https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/cest-notre-montagne-les-palestiniens-repoussent-des-colons-enhardis-par-trump-et

 

Chaque jour, l'agence de presse palestinienne Wafa ou encore le Centre Palestinien d'Information (CPI) se font l'écho de telles exactions commises par l'armée d'occupation ou des colons dans les villes et villages de Cisjordanie ou à Jérusalem-Est.

 

Dans un tel contexte, il serait extraordinaire que le COVID-19 ne parvienne pas à se frayer un chemin qui pourrait s'avérer désastreux pour un peuple déjà soumis à l'occupation, à la répression et au blocus. Deux sujets de préoccupation particuliers liés à l'épidémie doivent nous inquiéter particulièrement. D'une part la situation de Gaza et son surpeuplement et d'autre part le sort réservé aux plus de 5000 prisonniers par leurs geôliers israéliens. Dans les jours qui viennent ces deux questions devront faire l'objet d'une attention particulière de tous ceux qui même confinés peuvent encore se mobiliser pour les droits du peuple palestinien. Notamment en faisant connaitre à un large public, le sort dramatique qui leur ait réservé par l'occupation sioniste !

 

Pour plus d'infos lire ici les articles suivants :

https://www.chroniquepalestine.com/que-se-passera-t-il-si-le-coronavirus-atteint-la-bande-de-gaza-sous-blocus/

 

http://www.france-palestine.org/A-Gaza-on-n-a-pas-peur-du-corona-il-y-a-des-virus-bien-plus-grands

 

https://www.middleeasteye.net/fr/actualites/coronavirus-les-detenus-palestiniens-en-israel-craignent-pour-leur-vie-dans-des-prisons