Le camp de réfugiés de Jalazone se mobilise contre le Covid-19


Nous avons reçu un courrier de Mousa Anbar, notre principal interlocuteur dans le camp de réfugiés de Jalazone. Mousa est membre du comité populaire du camp qui organise en lien avec l’Autorité Palestinienne et l‘UNWRA la vie quotidienne des 16 000 habitants du camp. Il est par ailleurs responsable de la Palestinian Aged Friends Charitable Society, qui vient en aide aux personnes âgées de Jalazone avec laquelle le Groupe local AFPS de Brest travaille depuis plusieurs années. Très impliqué au service de sa communauté, c’est Mousa qui lors de nos visites à Jalazone a fait le lien entre les membres de l’Afps du Pays de Morlaix et l’Association pour la réhabilitation des personnes handicapées avec laquelle nous formons un partenariat solidaire depuis 2016. Aujourd’hui, Mousa est évidemment, l’un des organisateurs de la mobilisation contre le Covid-19 dans le camp de Jalazone. Voici les éléments qu’il nous a fait parvenir le 13 avril dernier.

 

Chers amis français, 

Merci pour votre message. Nous l'apprécions vraiment beaucoup.

 

Comme vous le dites, nous sommes confrontés au même virus. Mais l'épidémie est plus sévère dans votre pays. Nous prions pour la fin de ce cauchemar qui a un impact sur la situation mondiale. Ce grave virus montre que la situation sanitaire mondiale n'est pas assez solide pour y faire face. Pour nous c'est différent car nous sommes en plus toujours sous une occupation qui affecte notre vie quotidienne et qui contrôle les frontières (pour entrer et sortir).

 

- Depuis le début de cette situation, à Jalazone nous avons mis en place un Comité d'urgence composé de plusieurs départements afin de lutter contre ce virus. Nous avons établi des check-points aux entrées principales du camp pour contrôler les mouvements des personnes, particulièrement celles qui viennent de l'extérieur.

- Tous les magasins sont fermés de 8h à 20 h sauf les boulangeries et les pharmacies.

- Nous avons de nombreux bénévoles qui nous aident, surtout des médecins du camp et des volontaires de la protection civile.

 

Nos principales difficultés concernent :

 

- Le manque de matériel médical, de produits nettoyants et de comités sanitaires.

 

- Le manque d’expérience nécessaire dans ce domaine (celui de l'épidémie)

 

- Le problème principal ce sont les travailleurs palestiniens qui vont travailler en Israël et qui sont rentrés alors qu'Israël était infecté par le virus. Nous n'avons pas la place pour les mettre en quarantaine pendant 14 jours. Nos maisons sont trop petites et ne conviendront pas.

 

- Les restrictions de mouvement vers Israël et entre les villes et gouvernorats (ndlr - décidées par l’Autorité palestinienne, alors que, comme beaucoup de Palestiniens, de nombreux habitants de Jalazone sont économiquement contraints d’aller travailler en Israël). Aussi la situation économique est mauvaise et le niveau de pauvreté a augmenté. Cela va durer et les gens ne travaillant pas, il y a donc un problème pour faire face financièrement à leurs besoins quotidiens.

- Les difficultés de ravitaillement, les magasins sont fermés non seulement dans le camp mais aussi à Ramallah qui est la ville la plus proche, au centre de la Cisjordanie.

 

En tant qu'associations (en charge de l’accompagnement des personnes âgées ou des personnes handicapées) :

 

- Nous avons beaucoup de difficultés pour faire face à la situation. Nous devons rendre visite aux personnes chez elles et ça peut créer des problèmes si quelqu'un est porteur du virus. Nous avons des difficultés à faire prendre largement conscience de la situation à la population car nos personnes âgées ne sont pas TOUTES habituées aux médias et à la technologie.

 

- Pour les personnes handicapées, il n'est pas possible de transporter les machines dont elles ont besoin. De plus on ne peut pas s'approcher des personnes car cela pourrait entraîner une issue négative.

 

- Le soutien financier est une question cruciale pour remplir nos obligations envers les personnes âgées ou handicapées ou d'autres encore. Il faut acheter tous les jours les biens de base et les médicaments et transférer les personnes à l'hôpital pour traitements. Il nous faut des masques de protection, des produits nettoyants, des gants...

 

- Il faut leur faire à manger tous les jours et pas comme avant car maintenant personne ne travaille. De plus certains d'entre eux demandent une aide financière pour répondre à leurs besoins personnels de base...

 

Nous sommes sincèrement désolés pour toutes ces personnes qui meurent en France et aussi dans le monde entier. Nous vous souhaitons le meilleur. Nous battrons ce virus.

 

Amicalement,

Mousa Anbar


Le Centre Al Karamah (Association pour la réhabilitation des personnes handicapée) a également répondu au message que nous avions envoyé pour avoir des informations sur la situation ouverte par l’épidémie. Nous avons reçu deux réponses d’abord une réponse par mail du directeur du Centre, Husam Elyam (traduit de l’arabe vers l’anglais puis en Français, ce qui explique certaines tournures un peu compliquées…)

 

Merci de votre intérêt pour le camp de Jalazone. Au centre Al Karamah, dans le cadre du programme d'urgence, nous travaillons à la fourniture/prestation de services aux personnes handicapées auprès de 60 familles à travers des programmes (tutoriels) proposés via les réseaux sociaux et après avoir fourni, au préalable, des fournitures médicales aux personnes handicapées dans le camp et dans les villages voisins, ainsi que du matériel sanitaire, produits de nettoyage et de stérilisation, à ce stade. 

Dans les prochains jours, nous essaierons de renforcer les services fournis par le Centre Al Karamah, notamment par la mise en place d’un programme de suivi quotidien et l’augmentation des fournitures/prestations de services grâce à un partenariat avec des amis pour tenter d’améliorer la qualité de la prise en charge dans ces circonstances difficiles. Merci de votre soutien, je vous espère en bonne santé et nous en appelons à Dieu pour qu’il vous donne la santé.

Husam

Puis, une conversation téléphonique avec Fazei Sawalha, kinésithérapeute au Centre Al Karamah, nous a confirmé que le centre est fermé depuis le 5 mars, début du confinement en Cisjordanie (pour une durée de 30 jours) et que les familles sont depuis en grandes difficultés avec leurs enfants en situation de handicap à la maison. D’abord, parce que les lieux de vie ne sont pas forcément très adaptés, et que les prises en charge thérapeutiques ne sont évidemment que faiblement compensées par les conseils que l’équipe du centre peut prodiguer à distance par les réseaux sociaux… A cela, s’ajoutent évidemment les difficultés d’ordre économique décrites par Mousa dans son mail. Il est à noter que la fin prévue du confinement est le 5 mai sauf prolongement décidé par l’Autorité Palestinienne en cas de nécessité…

Une page Facebook à consulter malgré les barrières de la langue

 

Dans son message, Husam, nous a mis un lien vers la page Facebook du Centre Al Karamah, nous essaierons de faire traduire quelques-unes des légendes qui nous semblent les plus parlantes en attendant, vous pouvez quand même la consulter, si vous n’êtes pas trop allergiques à Facebook :

 

https://www.facebook.com/pages/category/Producer/جمعية-تاهيل-المعاقين-والارشاد-الاسري-الخيرية-مخيم-الجلزون-alkaramah-129371110510338/

 

La vidéo mise en tête de cette page permet une visite dans les locaux du Centre Al Karamah, et de ses salles thérapeutiques à l’installation desquelles nous avons modestement contribué depuis 2016 (pour un peu plus de 10 000€). En comparaison, avec la réalité extérieure du camp, la densité de population incroyable et les difficultés que cela entraine (espaces de circulation restreints, défaut d’assainissement, difficile ramassage des ordures etc.), on comprend bien pourquoi le Centre Al Karamah apparaît comme un havre de paix pour les enfants handicapés et leurs parents (surtout les mamans). On comprend mieux également, pourquoi l’apparition du Covid-19, le confinement et la fermeture même provisoire du Centre sont forcément inquiétants et anxiogènes pour ses usagers…

 

ON COMPREND SURTOUT, POURQUOI

NOTRE SOLIDARITÉ NE DOIT PAS FAIBLIR.

 

Dans le contexte politique global des menaces proférées par le nouveau gouvernement Netanyahou, allié avec Gantz pour mettre en place l’annexion des colonies israéliennes et de la Vallée du Jourdain au territoire de l’État sioniste à partir de juillet, il est indispensable d’aider le peuple palestinien à surmonter la crise liée à la pandémie. Pour l’instant, le covid-19 n’a pas fait les ravages que l’on pouvait craindre dans les camps de réfugiés, en partie grâce à la mobilisation populaire, mais nos amis nous le disent clairement, le prix à payer est élevé et ce n’est, malheureusement pas terminé.

 

Notre Groupe a déjà envoyé 200 € à SOS Palestine pris sur notre trésorerie locale, mais nous pensons pouvoir faire mieux si VOUS LES ADHERENT.E.S et les AMI.E.S de l’Afps du Pays de Morlaix acceptez de nous y aider. L’idée, est toujours la même, les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, si chacun.e d’entre vous voulait bien nous envoyer un chèque de 10 ou 20 €, nous pourrions nous approcher des 1000 € à verser à SOS Palestine. Et plus si affinité…

 

Grâce aux dons d’une douzaine de personnes, nous avons déjà collecté environ 560 € pour la campagne « SOS Palestine » (le 29 avril). Nous sommes donc à la moitié de l’objectif que nous avions fixé, mais évidemment plus nous récolterons et plus nous pourrons aider aussi de manière spécifique nos amis du centre al karamah.

 

EN PAYS DE MORLAIX NOUS POUVONS GAGNER CETTE NOUVELLE BATAILLE DE LA SOLIDARITÉ !

 

Rappel du Mode d’emploi :

 

- Vous pouvez nous adresser vos dons par chèque à l’ordre de l’Afps du Pays de Morlaix – avec une mention « SOS Palestine » au dos du chèque et en l’envoyant ou en le déposant au 19 rue Waldeck Rousseau à Morlaix. Nous vous informerons évidemment du montant récolté et de leur utilisation… Notez que vos chèques risquent d’être encaissés qu’à la fin du confinement…

- Pour ceux qui peuvent faire un don plus important, et si vous payez des impôts, vous pourrez bénéficier d’une réduction d’impôt de 66% des sommes versées. Le mieux est alors de passer par le site de l’AFPS nationale pour un paiement par carte bancaire : http://www.france-palestine.org/SOS-Palestine-Coronavirus-Appel-a-dons. Avec un petit mot pour nous le faire savoir à afpspaysdemorlaix@yahoo.fr, ça serait bien sympa…