Gaza de nouveau sous les bombes


C'est bien l'exécution le 12 novembre 2019 par les militaires israéliens de Baha Abu al-Ata, un membre dirigeant du Jihad islamique à Gaza, et de sa femme qui a provoqué un brusque regain de tension. Les autorités israéliennes font rarement les choses par hasard et savaient très bien dans quelle spirale de violence elles allaient plonger une fois de plus la population de Gaza.

 

Peu après le meurtre, le Jihad islamique a lancé des roquettes sur Israël. En réponse, Israël a riposté par de vastes bombardements sur Gaza. Au bout de ces trois jours d'enfer, un cessez-le-feu semble avoir été trouvé, mettant fin pour l’instant aux affrontements. À cette heure, ce sont 34 palestinien.ne.s qui sont morts sous les bombes israéliennes, pour la grande majorité des civils et des enfants, dont une famille de huit personnes assassinée dans la nuit du 14 au 15 alors qu'un Israélien a été blessé à la suite du lancement de roquettes palestiniennes.

 

Cette violence aveugle choque tellement les opinions publiques que les responsables de l'armée israélienne viennent d'annoncer tout à fait hypocritement la mise en place d'une commission d'enquête chargée d'élucider pourquoi les renseignements n'avaient pas fait mention de la présence de femmes et d'enfant dans l'immeuble sensé abriter un autre responsable du Jihad Islamique... 

 

Israël accuse cette organisation de la Résistance Palestinienne d’être à l’origine d’un certain nombre d’attaques à la roquette sur Israël ces derniers mois, justifiant les assassinats ciblés de ses dirigeants comme étant des représailles à ces attaques. C'est encore une fois à une inversion des rôles que se livre le gouvernement israélien. 

 

Car enfin faut-il rappeler que ces attaques ont été menées dans un contexte d'agressions militaires israéliennes quotidiennes sur Gaza par des tirs de snipers sur des manifestants, des incursions terrestres, des tirs sur les pêcheurs et des bombardements récurrents.

 

Faut-il rappeler aussi que l'occupation israélienne en Palestine et l'enfermement de deux millions de personnes dans la bande de Gaza par un blocus terrestre et maritime depuis 2007 implique obligatoirement qu'il y a eu, qu'il y a aujourd'hui et qu'il y aura encore longtemps, une légitime résistance à l'occupation et à la colonisation. Que les formes que prend cette résistance populaire, qu'elle soit non-violente ou au contraire militaire est du ressort des Palestiniens eux-mêmes et de leurs organisations qui sont responsables de leur stratégie. 

 

Ainsi, le Hamas s’est abstenu de s’engager dans la violence pendant ces attaques récentes. Mais le risque d’escalade est réel si Israël continue ses agressions disproportionnées et meurtrières sur Gaza.

 

Enfin, faut-il rappeler que depuis mars 2018, les Palestiniens de Gaza manifestent dans le cadre de ce qui est maintenant connu comme la Grande marche du retour. Et que depuis le début de ces manifestations largement pacifiques, Israël a tué plus de 320 Palestiniens à Gaza et en a blessé 36 000 de plus, alors qu’ils protestaient pour leurs droits et contre l’occupation israélienne. 

 

Rien qu'entre Janvier et septembre 2019, l’armée israélienne a tué un total de 70 Palestiniens à Gaza et en a blessé 11 000 de plus. Aucun Israélien n’a été tué par les Palestiniens de Gaza pendant cette même période.

 

Cette violence est largement absente des commentaires qui entourent déjà cette dernière attaque sur Gaza, mais il est crucial que ce contexte – ainsi que le blocus israélien continu de Gaza et l’occupation du territoire palestinien – soit remis sur le devant de la scène et placé au centre de l’analyse lorsqu’on se penchera sur les événements à venir ces prochains jours ou semaines. Car, Israël a indiqué que cette nouvelle campagne militaire à Gaza pourrait durer des jours ou même des semaines.

 

La plus grande attaque israélienne sur Gaza a eu lieu en 2014. Au cours de ces attaques, plus de 2 250 Palestiniens, dont plus de 500 enfants, ont été tués et plus de 11 000 personnes ont été blessées. Plus de 160 000 personnes ont été déplacées. Et Gaza ne s’est pas encore remis de la destruction et des dommages causés aux maisons, aux écoles et aux infrastructures. Si on laisse se produire une nouvelle attaque d'envergure, ces chiffres déjà terribles, pourraient être dépassés.

 

Un communiqué plus que lamentable du quai d'Orsay :

 

« La France déplore l'escalade en cours à Gaza. Elle condamne les tirs de roquettes qui visent depuis hier des zones habitées du territoire israélien depuis la bande de Gaza ». On est malheureusement habitué aux condamnations à géométrie variable, mais ce communiqué du quai d'Orsay, qui ne dit mot des morts gazaouis, est d'une indécence crasse. Quant aux grands médias, encore une fois, leurs caméras se sont quasi-exclusivement tournées vers les sirènes retentissantes à Tel Aviv… pendant que les enfants palestiniens mouraient sous les bombes israéliennes.

 

Si un cessez-le-feu semble avoir été trouvé ce jeudi 14 novembre, plus que jamais nous devons affirmer notre solidarité avec le peuple palestinien de Gaza et dénoncer l'État d'Israël qui lui impose sa domination coloniale et qui doit être sanctionné et rendu comptable de ses crimes de guerres. C’est tout le sens de la campagne BDS (Boycott-désinvestissement-sanctions), dont le développement et le renforcement, en l’absence de toute autre forme de sanction et de pression, sont une urgence absolue.


Communiqué de l’AFPS

Gaza une nouvelle fois sous les bombes, une agression israélienne que la France doit condamner !

 

Le 12 novembre, l’armée israélienne a repris ses bombardements sur la Bande de Gaza, combinant des assassinats ciblés extra-judiciaires, et des bombardements de structures civiles, dont les bureaux d’une organisation de défense des droits de l’Homme. Le bilan ce matin [14 novembre] est de 32 morts dont une famille de 8 personnes tuée ce matin (parmi eux 5 enfants), de 111 blessés et de nombreuses destructions.

 

En réaction, des roquettes ont été tirées vers le territoire israélien par l’organisation visée, le Jihad islamique, ne faisant aucune victime dans la population israélienne.

 

Dans un communiqué publié hier [13 novembre] par le ministère des Affaires étrangères, la France « condamne les tirs de roquette » sans dire un mot des assassinats ciblés ni des bombardements visant la Bande de Gaza et de leurs nombreuses victimes.

 

C’est une déclaration indigne, qui donne un « permis de tuer » à l’armée israélienne.Alors que les observateurs, en particulier israéliens, soulignent l’intérêt politique et personnel du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à une escalade militaire, et alors que l’Histoire montre que l’État israélien est toujours intervenu par ce type de provocation pour saper toute tentative de réunification palestinienne, il est d’une extrême urgence d’exiger de l’État d’Israël, puissance occupante, l’arrêt de toute opération militaire contre la Bande de Gaza, et des massacres de la population civile qui les accompagnent.

 

Dans la Bande de Gaza, le blocus qui dure depuis plus de 12 ans rend la vie de la population impossible, nourrit le désespoir et détruit la société palestinienne. Aucun effort de paix ne peut aboutir sans une levée préalable et sans condition de ce blocus criminel et inhumain.

 

Le Bureau national de l’AFPS, 14 novembre 2019