Réactions au plan Trump/Netanyahou (2) Au delà du consensus apparent en Israël, des voix dissidentes se font entendre...


Le camp de la paix a manifesté samedi 1er février dans les rues de Tel Aviv
Le camp de la paix a manifesté samedi 1er février dans les rues de Tel Aviv

Le "Deal du siècle" est-il soutenu par toute la société israélienne ? Dans la grande majorité de la population juive et en particulier, parmi les 600 000 colons, il est probable que le plan Trump soit plébiscité. Il est certain aussi que Benjamin Netanyahou va tout faire pour renforcer le camp du nationalisme colonisateur porté par tous les partis de droite et d'extrême-droite qui le soutiennent encore dans sa recherche d'une majorité politique lors des prochaines élections législatives de mars prochain. Tous les observateurs s'accordent à dire que Trump a offert avec son"plan de paix" un royal cadeau à son ami et allié israélien. D'autant plus que dans le bras de fer électoral qui l'oppose à Benny Gantz, ce dernier est tout aussi partisan d'une accélération de la colonisation et ne peut donc pas se démarquer du plan de Donald Trump.

 

Il n'empêche qu'au delà de ce consensus apparent, des voix israéliennes se font entendre contre cette fuite en avant coloniale et l'instauration d'un régime d'apartheid de plus en plus menaçant pour le peuple palestinien. C'est le cas, par exemple de Yehuda Shaul, l'un des fondateurs de l’ONG Breaking the silence, déclare dans une tribune publiée par Libération le 4 février :

 

"Désormais, l’ensemble de la communauté internationale se doit de dissiper les dangereuses chimères convoquées par le président américain. Elle doit se rallier aux Israéliens et aux Palestiniens qui luttent pour un avenir nouveau, elle doit nous aider à éviter l’apartheid."

 

Pour lire la tribune de Yehuda Shaul suivre ici : https://www.liberation.fr/debats/2020/02/03/ce-plan-de-paix-qui-prepare-l-apartheid_1777005

 

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C'est aussi le cas de l'avocat israélien spécialiste des droits de l'homme et du droit de la guerre, Michael Sfard. Il travaille pour l'essentiel dans les territoires occupés, représentant tour à tour des civils palestiniens discriminés, des soldats israéliens refuzniks (objecteurs de conscience), ou des ONG israéliennes. Il vient de publier Le Mur et la porte : Israël, Palestine, 50 ans de bataille judiciaire pour les droits de l'Homme*. De passage à Paris, il explique à l'hebdomadaire Le Point pourquoi l'accord de paix de Donald Trump risque, selon lui, de renforcer l'instabilité dans la région.

 

Pour lire son interview : https://www.lepoint.fr/monde/le-plan-de-paix-de-trump-peut-nous-amener-a-la-guerre-29-01-2020-2360351_24.php 


Sur la photo : quatre jeunes femmes, Juifs et arabes, mènent des milliers de manifestants contre l'annexion et le transfert -- se battre pour un avenir meilleur pour nous tous.
Sur la photo : quatre jeunes femmes, Juifs et arabes, mènent des milliers de manifestants contre l'annexion et le transfert -- se battre pour un avenir meilleur pour nous tous.

C'est le cas aussi du jeune mouvement mixte juif/arabe Standing Together qui a pris l'initiative d'une manifestation nombreuse et dynamique dès le samedi 1er février à Tel-Aviv.

 

Le mouvement créé il y a quatre ans, avec beaucoup de jeunes, et qui, d'après ses organisateurs, se développe rapidement a revendiqué l'initiative (salutaire !) de cette manifestation à laquelle participaient également Peace now (la Paix maintenant) et Breaking the Silence ainsi que les partis politiques de gauche le Meretz et les composantes de la Liste Unie.

 

"Le camp de la paix en Israël est descendu dans les rues ce samedi soir, avec une grande marche à Tel-Aviv pour protester contre le plan de Trump et Netanyahu d'annexer les territoires palestiniens, de normaliser les colonies illégales en Cisjordanie et de dépouiller de leur citoyenneté plus de 200 000 Palestiniens qui vivent à l'intérieur les frontières de la Ligne verte en tant que citoyens d'Israël .

 

De nombreux manifestants - citoyens juifs et arabo-palestiniens d'Israël - se sont mobilisés pour la manifestation, à laquelle assistaient des gens de tout le pays.

 

La marche a été dirigée par Standing Together - le mouvement socialiste juif-arabe de base, qui a été fondé il y a quatre ans et est devenu la principale force organisatrice de la gauche israélienne. La marche a été organisée conjointement avec l'ancien mouvement pour la paix "Peace Now", l'organisation d'anciens soldats "Breaking the Silence" et d'autres. Étaient également présents les deux partis politiques de gauche - Meretz et The CP / Hadash / Joint List.

 

Les manifestants portaient les drapeaux violets et les signes de Standing Together, qui se lisaient en hébreu et en arabe: "Paix israélo-palestinienne""Paix, pas d'annexion", et "Ils ne nous sépareront pas", et scandé en hébreu et en arabe : "Pas de paix et pas de sécurité, sous un gouvernement de colons""Nous ne serons pas victimes de la Maison Blanche", "Juifs et Arabes refusent d'être ennemis", "L'annexion est un désastre, seule la paix est la solution" "N'ayez crainte et désespoir, nous mettrons fin à l'occupation", et d'autres encore..."

 

L'espoir d'une brèche dans le consensus apparent de la société israélienne vis-à-vis de ce plan qui ne vise qu'à éliminer peu à peu les revendications palestiniennes sur le droit au retour des réfugiés ou celle de disposer d'un état palestinien viable dans les frontières de 67 avec Jérusalem-Est comme capitale.