Réactions au plan Trump/Netanyahou (3) Les Tergiversations internationales et de la France en particulier.
On se souvient de la réaction toute en demi-teinte du ministère des affaires étrangères français à l'annonce du plan Trump/Netanyahou qui « saluait les efforts du président Trump ». Comme si, il y avait quelque chose à saluer dans ce marché de dupes...
Cette réaction indigne avait à juste titre provoqué la colère de tous ceux et celles qui soutiennent dans notre pays le combat du peuple palestinien pour ses justes droits - relire à ce sujet le communiqué de presse de l'Afps : http://www.france-palestine.org/Plan-Trump-un-plan-de-liquidation-de-la-cause-palestinienne-un-alignement
Mais depuis la diffusion de cette réaction, le Figaro en date du 1er février a révélé le contenu d'une note diplomatique américaine, adressée aux capitales occidentales (et arabes) supposées acquiescer aux desiderata de Donald Trump. Ceci explique-t-il cela ?
Dans cette note, le Président des USA, " Après avoir « appelé tous les pays à soutenir cette vision en encourageant Israéliens et Palestiniens à entrer immédiatement dans des discussions de bonne foi sur la base de cette vision », les Etats-Unis appellent « tous (ces) pays à publier des communiqués positifs, fondés sur le texte suivant : " Nous remercions le président Trump pour ses efforts en vue de faire avancer ce très ancien conflit. Nous avons étudié cette Vision et nous la considérons comme une proposition sérieuse, réaliste et de bonne foi pour régler les nombreux problèmes qui ne l’ont pas été pendant des décennies ».
Ensuite, le document américain « demande » aux pays destinataires de ses desiderata « d’appeler les directions israélienne et palestinienne à négocier sur la base de ce plan, sous les auspices des Etats-Unis, et de réaliser ainsi les progrès, qui permettront d’améliorer la vie des habitants de la région ». Enfin, Washington réclame que la communauté internationale affirme que « le statu quo n’est pas acceptable, et c’est notre souhait que, fondé sur cette Vision, ce conflit puisse trouver un règlement longtemps recherché, conduisant à un Moyen-Orient plus pacifique »
Certes, Emmanuel Macron s'est contenté de saluer "les efforts" de Trump sans le remercier avant de se prononcer lui-même sur le "plan de paix", favorable à Israël, en marge d’un dîner à Paris avec la communauté arménienne. Une réaction pour le moins ambigüe.
" Interrogé par Le Figaro sur le point de savoir s’il croyait encore à la solution des deux États, mantra de la diplomatie française depuis quarante ans, Macron a répondu de manière sibylline : « Je crois en deux souverainetés. »
" Ces propos inédits pourraient amorcer une évolution sémantique, avant un renoncement public à cette solution des deux États. Qu’est-ce qu’une souveraineté sans État ? Celle, toute théorique, des grandes villes palestiniennes encerclées par l’armée israélienne. Pour Denis Bauchard, ancien diplomate, "cette formule est un renoncement à deux États, sans le dire explicitement"
Emmanuel Macron ne croit pas dans les chances de réussite du plan Trump. « Il faut être deux pour faire la paix. On ne peut y parvenir avec une seule partie. » Manière de dire que sans les Palestiniens, ce plan pourrait être mort-né... "
Ce qui est frappant dans les réactions du gouvernement français, c'est l'absence totale d'un refus clair et net du plan Trump qui pourrait se justifier largement par la position historique de la France au sein de l'UE comme de l'ONU d'une solution à deux Etats ! Comme si, le gouvernement français prenait acte des événements et renonçait à exprimer une position contraire.
Quand à l'Union européenne, il est inquiétant de constater qu'au lendemain de l'annonce faite par Trump, elle a été incapable de publier un communiqué commun à tous ses membres...
Une position en deçà de celle de "L’ONU (qui selon sa déclaration) s’en tient aux résolutions onusiennes et aux accords bilatéraux sur la création de deux Etats, Israël et la Palestine, « vivant côte à côte en paix et sécurité dans des frontières reconnues sur la base des lignes définies en 1967 », comme l'a déclaré son porte-parole. « La position des Nations unies sur la solution à deux Etats a été définie à travers les ans par des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale auxquelles est tenu le secrétariat » de l’ONU, a précisé dans un communiqué Stéphane Dujarric après la publication du plan de paix américain.
Ce qui apparait très inquiétant, c'est le fait que les Palestiniens ne semblent pas pouvoir compter sur le soutien international dont ils auraient besoin pour résister à la pression diplomatique des Etats-unis et d'Israël...
Dans l'immédiat, Mahmoud Abbas a prévu de venir contester le plan Trump lui-même devant le Conseil de sécurité des Nations-unies le mardi 11 février. Et déjà, la presse internationale note combien les émissaires envoyés par Trump et Netanyahou s'agitent auprès des pays susceptibles de soutenir dans sa démarche le Président de l'Autorité palestinienne. Tout est fait pour l'empêcher d'exprimer les raisons évidentes qui lui interdisent d'accepter un tel plan. Il se dit même qu'Israël fait tout pour l'empêcher de venir s'exprimer devant le Conseil de sécurité !
Reste que Mahmoud Abbas pourra s'appuyer sur le soutien de la Ligue arabe, de l'Organisation de la Coopération Islamique et de l'Union africaine...