Funeste anniversaire que celui des massacres de la population palestinienne dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila au Liban par les milices chrétiennes des phalangistes libanais qui fit
selon les estimations de 500 à 3500 victimes. Hommes, femmes et enfants sans aucune distinction tombèrent sous les coups des miliciens et des soldats de l'Armée du Liban Sud commandée par le
Général Saad Haddad. Les services secrets libanais, alors sous la direction de Elie Hobeika ont travaillé main dans la main avec les autorités militaires israéliennes pour organiser l'attaque des
camps de réfugiés palestiniens. Officiellement l'Etat sioniste a toujours refusé d'admettre la moindre responsabilité directe dans ces massacres odieux, mais tous les observateurs
internationaux ainsi que plusieurs commissions d'enquête n'ont jamais eu le moindre doute ! L'armée israélienne encerclait la zone, et c'est bien ses chefs qui
ont ordonné aux phalangistes de pénétrer dans les camps avec la mission d'en "extraire" les combattants palestiniens de l'OLP qui selon eux y étaient encore retranchés. C'est encore
l'armée israélienne qui montraient le chemin aux tueurs en envoyant depuis leurs positions des fusées éclairantes ! Et le massacre dura plus de 48 heures...
Pour ne pas faire silence, 37 ans après ce drame qui a profondément marqué le peuple palestinien et le mouvement de solidarité avec la Palestine, nous avons choisi de publier deux articles. Le
premier issu des archives du Figaro date de 2017 et accompagne le récit de son correspondant découvrant l'ampleur des massacres...
Le second est publié par le journal en ligne Orient XXI et un entretien avec un chercheur américain qui apporte de nouveaux éléments sur l'implication du gouvernement israélien de
l'époque...
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LES ARCHIVES DU FIGARO - Du 16 au 18 septembre 1982 des réfugiés palestiniens étaient massacrés par des milices chrétiennes dans la banlieue de
Beyrouth. Voici le récit du correspondant spécial du Figaro découvrant
le camp de Sabra après la tuerie.
Tout commence par un assassinat. Le 14 septembre 1982 le président nouvellement élu, Bachir
Gemayel -chef des Forces libanaises, milices chrétiennes-, est tué dans un attentat. Deux jours après, par vengeance, débute le massacre de civils palestiniens dans deux camps de réfugiés
-Sabra et Chatila- dans la banlieue de Beyrouth. Il est perpétré par des miliciens chrétiens (les Phalangistes) et se poursuit jusqu'au 18 septembre au matin. Mais ce n'est que le 19
septembre que le monde apprend l'affreuse tuerie -méthodique, qui n'a épargné personne: hommes, femmes, enfants, animaux.
Dès le 17 septembre au matin des femmes palestiniennes -qui ont pu fuir les camps- alertent sur le drame en
cours, dans les rues de Beyrouth-Ouest. De nombreux journalistes, qui couvrent la
guerre civile au Liban, sont présents dans la capitale. Certains d'entre-eux commencent à enquêter et tentent d'entrer dans les camps de réfugiés. Mais ils sont bloqués par les troupes
israéliennes qui encerclent les camps et contrôlent leur accès. Et ce n'est que le lendemain, quelques heures après la fin du carnage, que les premiers journalistes peuvent enfin pénétrer
dans les camps de Sabra et Chatila.
En France c'est le quotidien Libération qui annonce le massacre dans son édition du 19 septembre 1982.
La première dépêche de l'AFP tombe quant à elle dans l'après-midi, ce même jour. Avec l'arrivée des photographes et médias internationaux à Sabra et Chatila, l'horreur fait le tour du monde,
provoquant stupeur et indignation. En 1983 l'enquête officielle libanaise conclut à «l'entière responsabilité» des forces israéliennes. Et, en 1991, une loi d'amnistie générale est
décrétée.
Pour lire le reportage de 1982 : http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2017/09/15/26010-20170915ARTFIG00324-il-y-a-35-ans-le-massacre-de-sabra-et-chatila-au-liban.php
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Nouvelles révélations sur les massacres
de Sabra et Chatila
(Orient XXI)
Dans un livre sur la diplomatie américaine au Proche-Orient, le chercheur Seth Anziska revient sur les massacres de Sabra et Chatila (1982). Il
apporte des éléments nouveaux sur l’implication du gouvernement israélien. Analyse de l’ouvrage et entretien avec l’auteur par Sylvain Cypel.
À l’automne 2012, à l’occasion des trente ans des massacres de Sabra et Chatila, le chercheur américain Seth Anziska publiait un article dans le New York Times sur la manière dont
les dirigeants israéliens avaient, comme le déclarera le sous-secrétaire d’État Lawrence Eagleburger, « délibérément trompé » leurs interlocuteurs américains sur les massacres
en cours dans les camps palestiniens dont ils avaient connaissance. L’article montrait aussi l’attitude peu courageuse que leur avait opposée l’administration Reagan, son ambassadeur itinérant au
Proche-Orient Morris Draper au premier chef.
Pour ce faire, Anziska s’appuyait beaucoup sur des sources diplomatiques américaines. Aujourd’hui, il revient à la charge, et plus en profondeur. Dans un ouvrage intitulé Preventing
Palestine : A Political History From Camp David to Oslo, une étude sur la diplomatie américaine au Proche-Orient sur la période qui va du premier accord de Camp David (1977)
aux accords d’Oslo (1993), il consacre une vingtaine de pages aux massacres de Sabra et Chatila. Il a, cette fois, eu accès à de nouvelles sources, dont des documents classifiés des travaux de la
célèbre commission Kahane qui, en Israël, avait évalué les responsabilités des dirigeants dans ces crimes.
Pour lire l'entretien avec Seth Anziska :
https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/nouvelles-revelations-sur-les-massacres-de-sabra-et-chatila,2688