Nous, organisations de droits humains, humanitaires, de développement et collectifs de militants pour la paix, souhaitons attirer votre attention sur la situation critique des prisonniers politiques palestiniens, dont plusieurs centaines viennent d’entrer dans le deuxième mois de leur grève de la faim. La France se doit de rappeler fermement aux autorités israéliennes leur obligation de respect du droit international humanitaire et la garantie des droits des prisonniers.
Le 17 avril dernier, environ 1300 prisonniers ont débuté une grève de la faim en protestation contre le refus des autorités israéliennes d’accéder à leurs demandes d’être rétablis dans leurs droits. Ces droits comportent les visites de leur famille et de leurs avocats, l’accès aux soins, l’arrêt de la torture et des mauvais traitements, dont la mise à l’isolement. Il s’agit de droits élémentaires relevant des conventions internationales des droits de l’Homme [1] et du droit humanitaire [2].
Depuis août 2016 les prisonniers avaient tenté de négocier avec les autorités israéliennes la garantie de ces droits. Ces demandes restant lettre morte, les détenus avaient annoncé le déclenchement prochain d‘une grève de la faim, seul recours non-violent à leur disposition.
A présent ils sont entrés dans leur deuxième mois de grève de la faim, une période très critique où leur santé se détériore rapidement. La semaine dernière, les détenus de la prison de Beersheva et Marwan Barghouthi ont annoncé qu’ils étaient prêts à débuter une grève de la soif. Ils cesseraient alors de boire de l’eau salée, seul élément qu’ils ingèrent depuis plus d’un mois. De nombreux détenus risquent des atteintes irréversibles à leur santé et plusieurs centaines d’entre eux ont été transférés dans des hôpitaux « de campagne » mis en place à côté des trois prisons où ont été regroupés les prisonniers.
Face à ce drame annoncé, le gouvernement israélien a exprimé son refus de négocier avec les prisonniers. Il a par ailleurs tenté de présenter cette grève comme une action illégale, alors qu’elle est une forme de contestation légitime selon le Comité des Nations unies contre la torture.
Pour seule réponse, les autorités menacent de pratiquer l’alimentation forcée, une pratique très risquée considérée comme un acte de torture par les Nations unies [3] et à laquelle l’Association Médicale Israélienne refuse de se plier malgré la loi israélienne de 2015 autorisant à nourrir de force les détenus en grève de la faim. En retour, les autorités ont annoncé leur intention de se tourner vers des médecins étrangers pour mettre ce projet en œuvre. Une situation inacceptable pour les Etats parties aux Conventions de Genève tel que la France. D’autres ministres israéliens ont conseillé ouvertement de laisser mourir les prisonniers, une perspective grave.
Enfin, les autorités pénitentiaires n’ont cessé depuis le début du mouvement de réprimer les détenus en grève par des punitions collectives : refus de visites, fouilles des cellules durant des heures, confiscation du sel nécessaire à leur survie, confiscation de tous leurs biens jusqu’aux vêtements, mise à l’isolement, transferts interminables de prison en prison…
Les ONG signataires souhaitent vous rappeler que la France, garante du droit international, a des obligations au regard de l’article 1 de la Quatrième Convention de Genève dont elle est signataire. Elle doit rappeler fermement aux autorités israéliennes la nécessité de se conformer aux lois et normes internationales pertinentes concernant le traitement des détenus palestiniens dans les prisons, ainsi que l’interdiction de transférer les prisonniers hors du territoire occupé.